La rencontre entre le graveur sur cuivre Albert Flocon et le philosophe de la science Gaston Bachelard reste peu connue du public. Pourtant, elle semble tout à fait emblématique des influences réciproques entre la philosophie et l’art, le travail de l’esprit et celui de la main. Tous deux enracinés dans le surréalisme, mais chacun à sa manière, Bachelard et Flocon s’aventuraient régulièrement aux frontières de leur métier pour explorer des terres encore inconnues. Bachelard, se réclamant d’une « raison sauvage » et d’un principe expérimental radical, choisissait les objets de sa pensée selon leurs promesses insistantes. Il n’en reconnaissait pas moins dans les œuvres du bricoleur Flocon sa propre « philosophie au travail » – un travail où sa raison pouvait toujours être remise en jeu.
Sous la forme d’une double biographie, Hans-Jörg Rheinberger parvient à composer une histoire intellectuelle lucide tout en présentant une fascinante lecture illustrée des cuivres d’Albert Flocon.